Souvenir

Elève à Saint-Louis de 1944 à 1953

04.09.2023

Extrait de « Ma vie », 196pp, tiré en nombre réduit d’exemplaires.

Les garçons Dulieu commencent à fréquenter les écoles de Bomel. Hubert, à 5 ans, se rend à l’école « gardienne », rue Artoisenet, dans l’école des filles. La classe « gardienne » est sous la responsabilité de la sœur Joséphine, habillée toute de noir, avec un long voile et une collerette amidonnée lui cachant une partie du front.

Le temps de l’école primaire arrive dès 1941 et Hubert doit se rendre deux cents mètres plus loin, près de l’église de Bomel, où est installée l’école primaire paroissiale. Le premier instituteur est Monsieur Derome. C’est un homme assez élégant, aux cheveux gominés, qui fume de temps en temps, même en classe, et qui ronge ses ongles à s’en manger le bout des doigts. C’est très facile d‘apprendre pour Hubert, mais il a un camarade qu’il n’arrivera jamais à surpasser, tout en le talonnant presque tout du long de son séjour à l’école de Bomel : il s’appelle Fernand Eloi, fils d’un couvreur malheureusement décédé jeune et d’une dame qui nous fera plusieurs fois des « culottes » en beau drap ou en tissu d’hiver. Fernand est resté bon élève jusqu’au bout et est devenu officier supérieur après avoir fait la section polytechnique de l’École Royale Militaire. Hubert n’a donc pas été dépassé par un manchot !

Le second instituteur est Monsieur Marchal. Changement complet de genre : physiquement un peu sosie de Maurice Grevisse (vous savez : l’instituteur belge de Rulles, près de Mellier, qui a son portrait à la gare de Marbehan, devenu célèbre dans tout le domaine francophone, comprenant la France, bien sûr, par ses ouvrages sur la langue française) ; il était bonhomme et pour faire peur aux élèves parfois indisciplinés, les approchait avec un vieux chapeau de mémère prétendument rempli de poux. Il devait y avoir vraiment des petits insectes noirs qui étaient sans doute des poux de poules, comme on disait. C’était une classe amusante et pourtant efficace.

Le troisième instituteur était Monsieur Grégoire. Quel beau nom pour un directeur d’école ! Là, c’était du sérieux. Mais voilà la fin de la guerre arrivée et Auguste devait se dire qu’il serait bon que ses fils changent d’école pour préparer et poursuivre des études plus longues et sans doute plus difficiles. Il décide de mettre ses fils à Saint-Louis.  Hubert a neuf ans et quatre mois en septembre 1944. Il doit rentrer en neuvième. À Saint-Louis, on compte à l’envers ! On commence donc par la dixième première, la dixième deuxième, la neuvième, huitième et septième. Le cycle des primaires comporte donc cinq ans. Hubert fera donc finalement ses classes primaires en six ans puisqu’il a déjà fait trois ans à Bomel. Pierre a plus de chance, car il arrive en dixième deuxième et n’aura plus que quatre ans de primaires à faire. Voilà pourquoi, malgré ses deux ans de moins qu’Hubert, il se retrouvera à le suivre seulement d’un an à Saint-Louis.

4. Saint Louis : une histoire de neuf ans

La neuvième est sous la responsabilité de l’abbé Hainaut. Grand, fort et rigoureux, cet homme laisse un souvenir inoubliable par sa connaissance de la langue française. Il a écrit un manuel de français avec toutes les règles associées à des exemples.

Après une année avec l’abbé Hainaut, on parle et on écrit sans faute de participes passés, les plus difficiles soient-ils et cela devient automatique. On comprend donc très bien que cela fasse mal aux oreilles d’anciens de l’abbé Hainaut d’entendre le français martyrisé par les locuteurs et souvent par les journalistes à l’écrit.

La huitième est sous la houlette de l’abbé Rose. Brave personnage un peu rondouillet, sans prétention.  Il est pourtant devenu chanoine à la cathédrale, poste qui semblait lui convenir très bien. À l’époque où Hubert était chanteur ambrosinien à Dijon (de 1992 à 2002), il s’est retrouvé à côté de lui dans les stalles de la cathédrale, pour chanter vêpres un dimanche des années 90. L’abbé Rose devait donc avoir plus de quatre-vingts ans.

La septième, suivie par l’abbé Bosart, est très active. Il donnait déjà des éléments de sciences naturelles, notamment de botanique. La classe était dans le coin droit de la petite cour de l’école primaire (les « vieux bâtiments ») et jouissait d’un peu plus d’ensoleillement que les classes du fond, orientées vers le nord. Cela joue certainement un rôle dans l’humeur du professeur et surtout dans celle des élèves. C’est là que les élèves faisaient tirer des boîtes d’allumettes par un hanneton. L’abbé Bosart est aussi devenu chanoine à la cathédrale.

Saint-Louis avait beaucoup souffert de la guerre : plusieurs bâtiments avaient été démolis et je me souviens du Proviseur, l’Abbé Lemineur, qui, relevant sa soutane, jouait au maçon ou au menuisier.

Et voilà l’entrée dans le cycle des humanités gréco-latines, le seul cycle que l’on pouvait suivre à Saint-Louis. Hubert entre en sixième latine avec l’abbé Ducoffre. D’emblée les déclinaisons : Rosa, rosa, rosae, rosae, rosam, rosa ; au pluriel : rosae, rosae, rosarum, rosas, rosis, rosis. Et pourquoi donc pas comme ailleurs, en France, par exemple, popularisée par Jacques Brel :

  • Rosa, rosa, rosam,
  • Rosae, rosae, rosa,
  • Rosae, rosae, rosas,
  • Rosarum, rosis, rosis

Inversion du génitif et de l’accusatif ; Jacques Brel est belge et n’a donc pas appris comme dans sa chanson, qui aurait sans doute eu du mal à Paris si l’ordre des cas avait été génitif, accusatif.

Hubert se révèle particulièrement sensible à l’injustice. Un jour, il est accusé par le jeune abbé Ducoffre, dont c’était la première année d’enseignant, d’une peccadille oubliée maintenant. Il n’est pas boudeur mais ce jour-là, il est très mécontent et boude en se cachant la tête entre ses bras. « Dulieu, levez-vous ! » Hubert ne bouge pas. À trois reprises, il refuse. Il doit sortir de la classe. Auguste prendra rendez-vous avec Ducoffre et lui fera la leçon. Tout est ensuite rentré dans l’ordre.

Le professeur de mathématiques est M. Francotte. La filière gréco-latine est dans l’excellence : en sixième, on apprenait la résolution des équations à deux inconnues par la méthode de substitution mais aussi par les déterminants, qui est une excellente introduction à la théorie des matrices puisque son déterminant est la différence entre les produits des diagonales de la matrice 2 x 2, la plus simple.

En cinquième, commence l’étude du grec avec l’abbé Dehant. C’est surprenant au début, mais on s’y fait vite. Par la suite, dans la vie courante, on n’oublie jamais l’alphabet grec et la capacité de lecture. On retient de nombreux mots qui expliquent l’origine de la majorité des mots utilisés dans la science. Par la suite, au cours des études supérieures, on retient plutôt les mots scientifiques et cela permet de retenir aussi les racines d’origine grecque. En revanche, la traduction du grec en français devient très vite, avec le temps, un exercice impossible. Et pourtant, que de thèmes (traduction du français en grec ou en latin) et de versions, les élèves ont-ils faits tout au long de leurs cinq années pour le grec et de leurs six années pour le latin.

La quatrième fut une année assez gaie, avec l’abbé Rifon. Bonhomme toujours souriant, qui aimait les textes appris par cœur. On jouait les tirades de « l’Avare » de Molière « peste soit de l’avarice et des avaricieux » avec l’articulation le plus pointue possible, ce qui était malgré tout assez difficile pour beaucoup de petits Wallons habitués à un langage assez peu châtié. Ces exercices ont fait beaucoup de bien et ont permis de vaincre les tendances à la timidité.

La troisième est une année réputée comme difficile. En effet, l’abbé Corbiau, grand, sec et sérieux ne galvanisait pas vraiment ses élèves. Que de textes traduits, avalés, en grec, en latin, en français. C’est l’époque où chaque trimestre se conclut par des examens dans toutes les matières, dont le total sera reporté pour obtenir le résultat final à la fin de l’année scolaire, sur les trois trimestres. Mais le plus essoufflant, c’étaient les examens « littéraires », une sorte de marathon des langues française, latine et grecque, qui prenaient les trois derniers jours juste avant les vacances. Et cela à la fin de chaque trimestre, même à la fin du dernier. C’est dire si on était content de voir les vacances arriver !                       

La classe de seconde est appelée « poésie » en Belgique. Je ne sais pas si cette appellation persiste encore mais elle correspondait vraiment à une classe d’amour de la littérature française avec l’abbé Postal. Il était de Ste Marie-sur-Semois, village situé au milieu d’une petite région, en Gaume (Lorraine belge), proche de la France, où naquit et vécut le célèbre Maurice Grevisse, de Rulles, qui a publié les traités célèbres sur les difficultés de la langue française, illustrées par des centaines d’exemples de la littérature classique mais aussi récente, et parfois discutés. L’abbé Postal était bon en analyse littéraire. Il était capable de parler, assis sur le coin du bureau d’un des premiers rangs, pendant une heure d’un auteur sans regarder de notes. Il aimait particulièrement Victor Hugo, qu’il appelait sans rire Vigo Huctor.

Quelques problèmes avec l’abbé Postal cependant : il fallait apprendre par cœur chaque jour quatre vers de plus dans Virgile notamment. Il vérifiait parfois si les élèves faisaient cet effort à la maison. Il est arrivé qu’Hubert refuse cet exercice et lors du contrôle, disait : je n’apprends pas cela par cœur, car je n’en vois pas l’intérêt. Pourtant, longtemps après, il a compris que la mémoire, c’est comme le sport : on n’arrive à un certain niveau de performance que si on l’entraîne ; et dans la vie future d’étudiant et d’intellectuel, cela procure un grand avantage. Pardon de n’avoir pas bien compris cela, cher abbé.

Enfin la classe de rhétorique (la terminale dans le cycle des humanités anciennes en Belgique) ! Changement de maître : l’abbé Maniet est comme la plupart de ses collègues un professeur polyvalent. Il était non seulement « professeur principal » de la classe de rhétorique mais il enseignait, à ce niveau, le français, le latin, le grec, l’histoire, la géographie, suivait les exercices de rhétorique et les travaux personnels de fin d’humanités. Pendant les cinq années, de la cinquième à la Rhétorique, les langues parlées (Néerlandais, anglais, allemand), les mathématiques, les Sciences (physique et chimie) étaient enseignées pas deux professeurs différents : l’abbé Frisein pour les langues (néerlandais et allemand), M. Pairon pour les Mathématiques et les Sciences.

Avec l’abbé Maniet, l’exercice le plus intéressant était la séance d’« improvisation ». Les trois ou quatre élèves prévus recevaient un petit billet avec le sujet qu’ils allaient devoir traiter environ vingt minutes après. Chacun se retirait dans le bureau de l’abbé, au troisième étage, et faisait le plan pour pouvoir dire quelque-chose de sensé. Cet exercice, au bout d’environ trois fois par élève, a des résultats surprenants, car la timidité est vaincue et on arrive à parler sans regarder ses notes, à supposer que l’élève ait eu le temps de griffonner quelque plan. C’était l’époque où commençaient les discussions entre les six pays fondateurs de la première union européenne. L’un d’entre nous était vraiment un émule de Paul-Henri Spaak, premier ministre belge de l’époque, qui a joué un rôle majeur dans la fondation de l’Europe, et qui était un orateur des plus brillants que la Belgique ait connus. Cet élève est Charles Closset, qui a tellement élevé le niveau de ses camarades, que les souvenirs en restent très vivaces. Il est d’ailleurs devenu un brillant avocat et Président au Conseil d’État. Il est l’un des rares à être venu au banquet de 2018, avec Van Twembeeke, devenu Général d’aviation après Polytechnique, et Hubert, obscur et éloigné Professeur des Universités de France.

Voilà le temps des examens finaux arrivé. Les candidats vont devoir se présenter devant un jury comportant le Professeur principal, le Professeur concerné par la matière de l’examen et Monsieur l’Inspecteur. On présente trois matières, généralement les mathématiques. Le tout se déroule sans complications ; on attend son tour dans le couloir et, très peu de temps après, on connaît le résultat.

La première sortie en groupe des jeunes diplômés a eu lieu au parc Louise-Marie ; il y avait un mini-golf. Quelques parties de golf avec un verre de bière, mais surtout un sentiment de liberté d’autant plus intense que les contraintes disciplinaires, pesaient lourd et à cet âge, deviennent insupportables.

Ainsi, la maman Dulieu avait eu quelques ennuis de santé vers 1950. Elle se trouvait fatiguée et se remettait difficilement d’une opération pratiquée à la maison. Elle fut opérée par le Dr Delforge, chirurgien très connu à Namur (sa fille est venue chez Philippe, à Onoz, avec son mari, tous deux Namurois, mais habitant Lyon, en juillet 2020). Auguste a donc décidé, pour la soulager, de mettre ses fils en demi-pension à Saint-Louis. Les trois frères aînés ont donc connu le réfectoire à gauche de la salle vitrée, les heures d’attente dans les cours de récréation pendant lesquelles le football était roi ainsi que les glissades sur les patinoires volontairement favorisées en cas de gel et de pluie. Les plus habiles étaient les frères Belot, neveux du chanoine-directeur. C’étaient des garçons très forts et assez grands pour l’époque. Jules étant resté le condisciple de Hubert de la sixième à la fin des études d’agronomie, soit 11 ans. Dès la seconde, Hubert ne supportait plus de devoir se mettre en rangs pour remonter dans les salles de classe en silence, en deux files indiennes. Il demande alors, en rhétorique, de faire valoir ce temps libre de 12h30 à 1h30 en retournant voir sa mère à Bomel. A vélo, le trajet prend dix minutes ; cela fait quarante minutes de liberté à la maison. Maman est contente et le jeune homme aussi. Il repart à 1h20 précises ; descend la rue de Bomel à toute vitesse, passe rue Artoisenet, rue de l’église, remonte la petite côte à gauche, passe le pont de Louvain, descend la place Léopold Ier, la rue Lucien Namèche, tourne à droite, rue Pépin et rentre par la grande porte cochère de Saint-Louis. Là se trouve une route privée en gros pavés, avec des bornes aux tournants, pour éviter les chocs des roues de charrettes avec le bas des murs, qui conduit aux garages à vélos, situés au sous-sol des nouveaux bâtiments, c'est-à-dire, ceux qui ont été reconstruits après la guerre. Dépôt du vélo ; il marche rapidement vers le deuxième étage du grand bâtiment et rattrape les autres élèves, en rangs à l’entrée de la salle de classe. Il n’a donc pas dû faire le cirque de la promenade en rangs.

« Voyez-vous comme vous êtes de pauvres types à vous déplacer ainsi à 18 ans comme des gamins d’école maternelle ! L’avenir dira un jour que j’ai raison et ces vexations n’existeront plus ». Combien faudra-t-il d’années et de promotions pour arriver à cette liberté ?

Saint-Louis fut aussi pour Hubert la découverte du chant choral polyphonique, grâce à l’abbé Mathot, qui faisait sa répétition le mardi ou le jeudi, car il n’y avait pas cours l’après-midi. Il avait bon goût et dirigeait bien. Un jour, en courant comme d’habitude pour arriver à l’heure à la répétition d’après-midi, à cent mètres de l’entrée des élèves de la rue Pépin, la chaussure devient un vrai couteau : le fer censé éviter l’usure des talons se décloue d’un côté et s’ouvre du côté de l’autre jambe. Une découpe de cinq cm se met à saigner abondamment. Ce fut l’occasion d’aller tout droit voir la sœur infirmière qui se contenta de refermer par un bandage mais sans suture la plaie, dont la cicatrice persiste toujours. Un bon quart d’heure de retard à la répétition !

Le directeur Belot était sans nul doute la personnalité la plus respectable de l’Institut. Il était capable, garni de son surplis et d’une étole, d’entretenir la totalité des élèves des six années d’humanités, soit près de deux cents élèves, dans la chapelle, sur les sujets de catéchisme, de la foi et de la spiritualité. Personne ne bronchait.  Cela durait il me semble une vingtaine de minutes, durée optimale, avant que l’on s’en retourne dans les classes.

Le prof de Gym Daoût mérite d’être décrit : il arrivait en tenue de cavalier, bottes de cavalier, badine, veste de sportif. Parfois, on tournait d’un pas rapide autour de la cour ; parfois, on entrait dans la salle de gymnastique, qui servait aussi de salle de spectacle (théâtre, distribution des prix) ; cela permettait d’utiliser le cheval d’arçon, les cordes à grimper. Ce n’était pas très long, une heure ou deux par semaine, mais cela faisait du bien, même si M. Daoût ne montrait jamais comment faire.

À Saint-Louis, il y avait un cours de diction d’environ une heure par semaine. Le Professeur avait un nom prédestiné : Monsieur Bombeeck, que nous appelions Bonbec ! Il était acteur au théâtre de Namur. Il y avait au début une série d’exercices, toujours les mêmes : « Dieu, Chrétien, …, Huit … ». Il faut dire que les petits Wallons ont une mauvaise manière de prononcer les « huit » en « ouit », c’est d’ailleurs à cela qu’un Belge sans accent est immédiatement reconnu en France car il faut prononcer les u de manière pointue.

Sur l’abbé Frisein, on retiendra l’anecdote suivante : Il y a une autre faute de français que font la plupart des Belges francophones : c’est la confusion entre les significations des verbes « savoir » et « pouvoir ». C’est le professeur de flamand Frisein qui faisait remarquer cela : en français correct, on dit par exemple « je ne peux plus lire » dès lors que la vision devient difficile ou impossible sans lunettes.  Beaucoup de francophones belges diront « je ne sais plus lire ». Le comble, c’est que les flamands ne font pas cette faute car ils distinguent bien « mogen » (avoir la permission de), « kunnen » (« pouvoir faire ») et « weten », savoir.

Même si l’essentiel des activités d’Hubert se déroulait à Saint-Louis, il gardait l’envie de rencontrer les gens de la paroisse de Bomel. À l’époque et encore très longtemps après, la paroisse de Bomel se trouvait sous la responsabilité de la petite communauté des chanoines de Latran, qui occupaient le très gros bâtiment de quatre étages situé à droite de l’église. Le Père (on disait « Père » même avant les chamboulements conciliaires, justement parce que les prêtres étaient des chanoines de Latran et n’avaient donc pas le statut de « séculiers »).  Le curé s’appelait Père Rocherault. Comme son nom le laisse soupçonner, il était vendéen. C’était un orateur brillant, malgré un âge déjà avancé, capable de soutenir l’attention pendant ses dix minutes de « sermon », sans micro, bien sûr, depuis la chaire, qui selon ce que je me rappelle, était située du côté gauche de la nef.

Il avait un vicaire, d’origine flamande, il s’appelait Peeters, passionné du chant chrétien, que l’on appelait alors le « plain-chant ». Nous formions un groupe de « petits chanteurs », avec aube blanche et croix de bois sur la poitrine, appelés à chanter seuls les Introït, Graduels, Alléluias, Offertoires et Communions des grandes fêtes. Il y avait les trois frères Martin, tous trois fils adoptifs de la famille Martin, qui avaient des voix exceptionnelles. Ce petit groupe suffisait pour dialoguer avec le chœur d’hommes dont faisait partie M. d’Arras, M. Magnette, M. Dulieu et l’organiste M. Istasse. C’est certainement cette expérience qui a donné à Hubert le goût et le sens de la mélodie grégorienne, reprise et retravaillée cinquante ans après dans le cadre des Ambrosiniens de Dijon et du stage de Sées en 1992, 47 ans après !

Hubert n’a suivi aucun cours de catéchisme à Bomel, alors que c’est pourtant le vicaire chanteur qui les donnait. Il veut cependant faire sa communion à Bomel et non pas à Saint-Louis comme le font tous ses camarades du collège. Le vicaire lui dit : « Je suis d’accord que tu fasses ta communion à Bomel ; mais il faut faire le concours auquel sont astreints les autres ». Le concours sa passe bien : Hubert est premier (grâce aux « instructions » de M. le Directeur Belot), pour une fois, devant Fernand Eloi, et la cérémonie se passe en mai 1947. La pratique du plain-chant continue et Hubert va régulièrement chanter dans les stalles, à côté de l’orgue (qui a été déménagé longtemps après au jubé latéral), tenu par M. Istasse, avec son père Auguste et M. d’Arras, à la voix de basse profonde.

 

Hubert Dulieu
Rhéto 1953
Maintenant en retraite
après une carrière de scientifique au CNRS (France)
et dans l’enseignement supérieur (France)

 

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